Constantinople, 1910 : la capitale la plus cosmopolite de l’époque, où les chiens qui couchent dans presque toutes les rues forment une communauté parmi d’autres. Soucieux de modernité, désireux de montrer leur force à la tête d’un empire multiculturel menacé de dislocation, les Jeunes-Turcs décident de déporter ces bêtes sur un îlot désert. Trente mille chiens ? Soixante mille ? On ne sait. Le préfet s’est engagé à les nourrir. Vaine promesse !
Cette épopée authentique est racontée par l’un des quadrupèdes déportés, qui sait parler aux hommes et détecte leurs faiblesses d’un œil sagace. Elle se déroule dans une métropole envoûtante, toute en détours et en surprises.
« Aujourd’hui les chiens, demain les Arméniens, après-demain les juifs ! » s’écrie l’un des personnages humains du roman. La déportation de 1910 prélude en effet aux grandes tragédies du XXe siècle et aux « purifications ethniques » que nous déplorons aujourd’hui.